Exposé de Sébastien
Erhard, animateur pédagogique et culturel de l’association Espéranto
22
Objectif de l'exposé : énumérer, illustrer (télévision, Internet, médiathèque), la multiplicité des langues, les différents types de classification linguistiques (histoire, structure, source lexicale, répartition géographique et démographique, rôles socioculturels)….
Plan :
· La langue par opposition au langage
· Différentes catégories de langues
Après une rapide définition de la langue d’une manière générale, nous énumérerons et classerons un bon nombre de langues différentes. A la suite de quoi, nous tenterons de dresser quelques commentaires de la situation linguistique dans le monde.
Bien que dans certaines langues, comme en anglais, il n’existe qu’un seul mot pour désigner ces 2 réalités différentes, langue et langage ne sont absolument pas des synonymes à placer sur le même plan.
Dans un cas, le langage désigne
la capacité même à pouvoir communiquer à l’aide de langues. Alors qu’une langue
n’est en quelque sorte que l’outil qui permet de mettre en pratique cette
capacité (le langage est potentiel, et la langue est effective). Avec
un ensemble très limité d'unités et de règles, une langue permet de
produire une infinité d'énoncés inédits et de longueur potentiellement
illimitée. A signaler aussi que la langue
permet en particulier un usage métalinguistique,
c'est-à-dire qu'on parle de la langue avec la langue.
De ce fait, on ne peut saisir les propriétés du langage qu'à travers l'étude des langues particulières.
Néanmoins, suite à un mauvais usage, le mot langage peut aussi désigner différents modes de communications, mais avec un sens souvent plus pauvre ou plus dépréciatif (comme, par exemple, le langage informatique).
La distinction entre langue et dialecte est assez difficile car elle a souvent été sujet à polémiques, dues à des définitions souvent très différentes de ces deux concepts, et au sens parfois un peu péjoratif qu’a pris par la suite le mot dialecte.
D’un point de vue socio-culturel, on a généralement tendance à ne reconnaître comme langue qu’un idiome ayant eu une extension démographique importante ou ayant été reconnu comme langue officielle d’un état (une langue implique une norme, elle est soutenue et répandue par un enseignement obligatoire, par une diffusion à l'aide des médias, par toute une vie officielle). A partir d’une telle définition, tous les autres idiomes seraient alors qualifiés de dialectes (cela signifierait qu’en France, par exemple, tous les parlers autres que le français seraient des dialectes).
Mais d’un point de vue linguistique, la différence entre langue et dialecte
n’a pas du tout la même valeur hiérarchique. D’une part, le terme dialecte
peut faire référence à une langue résultant de la fragmentation d’une langue
mère : ce sont des parlers ayant en commun un grand nombre de traits
linguistiques (sur le plan du vocabulaire, de la grammaire et de la
prononciation : lexique, phonologie, morpho-syntaxe), mais qui présentent
en même temps des différences entraînant une intercompréhension partielle (la
difficulté réside dans le fait de savoir à partir de quel seuil on a affaire à
deux langues et non à deux dialectes d’une même langue). Ces dialectes s'opposent globalement aux autres dialectes
qui n'appartiennent pas à la même famille (ainsi, par exemple, les dialectes du
français -picard, normand, etc.- s'opposent aux dialectes italiens -vénitien,
sicilien, etc.- ; mais les langues de minorité
comme le basque ou le breton ne
sont pas des dialectes du français, car ils ne lui sont pas apparentés).
D’autre part, le mot dialecte peut désigner tout simplement les
variantes régionales d’un même langue (ces dialectes ne s’opposent alors
plus à cette langue, mais la composent) : l’intercompréhension sera alors
plus facile (on comparera par exemple le français de Lille à celui de
Bordeaux).
En outre, il arrive souvent que deux langues
totalement différentes se sont mélangent au cours de leur histoire pour en
former une troisième distincte des deux premières : il s’agit là de
langues mixtes. Le pidgin (mot anglais, altération du mot business
prononcé par les Chinois ; 1851), lui, est une langue mixte qui devient créole (de l’espagnol criollo, mot portugais de criar
« nourrir », du latin creare ; 1676) aussitôt qu’il commence à
être utilisé comme langue maternelle. Enfin, le sabir (de l’espagnol saber
« savoir » ; 1852) désigne une langue véhiculaire formée de
façon naturelle par des locuteurs de langues d’origines différentes :
c’est une langue strictement complémentaire (pour des situations stéréotypées,
comme le commerce, par exemple) avec un
vocabulaire pauvre et une grammaire élémentaire.
Il y a plusieurs façons de classer les langues du monde, mais il convient avant cela de faire quelques distinctions d’ordre général.
Tout d’abord, on parle souvent de langues vivantes, que l’on oppose aux langues mortes qui, comme leur nom l’indiquent, désignent des langues qui ne sont plus employées comme moyen de communication, mais qui sont connues généralement par les documents qu'elles ont laissés. Mais nous ne connaissons ces langues mortes que lorsqu’il s’agissait de langues écrites.
En effet, depuis l’apparition de l’écriture au IVème millénaire av. J-C, toutes les langues du monde n’ont pas forcément connu l’écriture (qui se manifeste, d’ailleurs, sous diverses formes : pictographique, idéographique et alphabétique). Et aujourd’hui encore, il reste des langues uniquement orales, c’est-à-dire qui ne connaissent pas l’écriture et qui sont transmises par la parole. De plus, parmi les langues écrites, il est rare qu’il y ait une correspondance exacte entre la langue parlée et sa transcription écrite (en français, par exemple, il y a de nombreuses lettres qui ne se prononcent pas dans certains mots, et certaines lettres se prononcent différemment en fonction du mot où elles se trouvent), parfois même, il n’y a aucun lien logique entre les deux (comme pour les idéogrammes chinois, qui ne sont pas des transcriptions phonétiques de la langue parlée).
D’autre part, en plus de cette distinction entre langues orales et langues écrites, on peut aussi signaler qu’il existe des langues visuelles, que sont les langues des signes (N.B : attention, la langue des signes des sourds et muets n’est pas internationale, mais au contraire diffère pour chaque pays !). Ces langues des signes constituent un système d'un type différent, qui accorde la primauté à l'espace alors que les autres langues sont soumises à la linéarité (on y énonce les constituants les uns à la suite des autres) : c’est-à-dire que pour former les signes, le signeur utilise divers paramètres (la configuration de la main, mais aussi son emplacement par rapport à son corps, son orientation, son mouvement et l'expression concomitante du visage) qui, en se combinant, permettent d’ exprimer des pensées d'une grande complexité (cf. document 1). En outre, il existe divers types de langues des signes, en plus de celle qui constitue pour les sourds une langue à part entière : en effet, les Sioux ont développé un système d'environ 500 signes pour communiquer sans parler, et il en est de même pour certains ordres monastiques contraints au silence par leur règle (les trappistes, par exemple).
Par ailleurs, on distingue généralement les langues naturelles des langues artificielles. Les langues artificielles sont des langues inventées par un individu ou un groupe d’individus ; elles peuvent être crées de toutes pièces ou bien à partir d’autres langues existantes (pour plus d’informations sur le classement de ces langues artificielles, se reporter à la conférence Les langues internationales publiées). Il est aussi des langues que l’on peut qualifier de rénovées, c’est-à-dire qu’il s’agit de la remise à jour sous l’impulsion d’un groupe d’individus d’une langue ancienne, comme c’est le cas pour l’hébreu actuel qui a été construit à partir de l’hébreu du Talmud, devenu langue morte (contrairement au grec moderne qui, lui, a évolué naturellement depuis le grec ancien). Il arrive aussi que des linguistes reconstituent des langues originelles (que l’on appelle proto-langues) qui n’ont jamais été attestées et dont l’existence même reste purement hypothétique, comme par exemple l’indo-européen qui a été reconstitué à partir de la comparaison des différentes langues indo-européennes (comme on le verra au chapitre suivant).
Enfin, on peut à partir de là répartir les langues en fonction de leur ampleur géographique : en premier lieu, nous avons les langues que l’on qualifie de régionales (qui correspondent souvent à la définition socio-culturelle du dialecte), comme par exemple en France le breton, le corse ou l’occitan. Ensuite, il y a les langues nationales, qui désignent la ou les langue(s) officielle(s) d’un pays (ou d’une nation, plus précisément), même si cette ou ces langue(s) officielle(s) ne sont pas toujours la ou les seule(s) langue(s) parlée(s) dans le pays en question. Puis, il y a les langues internationales pour lesquelles il nous faut distinguer deux catégories différentes : d’une part, nous avons des langues nationales qui ont acquis un usage international (suite à des raisons politiques, économiques, culturelles ou autres...) qui leur confère une fonction véhiculaire parmi la plupart des pays du monde (cette « langue internationale » était autrefois le latin, puis ce fut le français jusqu’au XXème siècle, et de nos jours c’est l’anglais) ou parfois seulement pour un groupe de pays (par exemple, le russe en ex-URSS et dans les pays satellites, l’arabe littéral dans les pays arabes ou encore le swahili en Afrique de l’Est). D’autre part, il existe ou a existé des langues artificielles crées dans le but d’être utilisées à un niveau planétaire comme langue d’échange pour tous (sans pour autant évincer les autres langues nationales et régionales en place) : parmi celles-ci, certaines étaient des simplifications de langues naturelles, comme le Basic English ou le Latino sine flexione, et d’autres étaient des créations à partir des autres langues existantes le plus souvent, comme les deux exemples les plus connus que sont le Volapük et l’Espéranto (cette dernière étant la seule de ces langues internationales a avoir conservé jusqu’à aujourd’hui un relatif succès). Vous trouverez davantage d’informations sur ces langues internationales dans les exposés Le concept de "langue internationale" de l'antiquité à nos jours et Les langues internationales publiées, et sur l’Espéranto en particulier dans les exposés L'Espéranto, une langue pas comme les autres ? et Une grammaire complète en ¾ d’heure). En dernier lieu, il convient également de signaler une catégorie à part que sont les langues imaginaires, qui sont des langues (ou créatures linguistiques) souvent issues de l’esprit d’un artiste et crées dans un but essentiellement esthétique ou fantastique (comme par exemple le Klingon issu du film Star Trek, les langues utilisées par les personnages des romans de Tolkien, ou encore la langue imaginaire aux sonorités étonnantes du célèbre groupe de musique Magma...).
Ces différentes distinctions étant faites, nous allons maintenant étudier deux manières de classer les nombreuses langues du monde : premièrement, en fonction de leur parenté historique (c’est-à-dire par familles), puis, à partir de là, en fonction de leurs caractéristiques structurales. Nous ne nous occuperons là que des langues naturelles (vivantes, pour la plupart).
En effet, de même que les langues évoluent comme des êtres vivants (notamment à cause du fait que ce sont des êtres vivants, c’est-à-dire les humains, qui la font vivre), elles ont aussi des liens de parenté. C’est-à-dire qu’elles se répartissent par familles, dans lesquelles des langues-mères, ont donné naissance à une ou des langue(s), que l’on qualifiera alors de langues-soeurs (ainsi, par exemple, le latin, qui appartient à la famille indo-européenne, est la langue-mère du français ; tandis que l’espagnol ou le roumain sont des langues-soeurs du français).
EUROPE ET ASIE
La plupart des langues en usage en Europe appartiennent à la grande famille indo-européenne, mais un certain nombre de langues étrangères à cette famille linguistique se parlent aussi en Europe et s’étendent jusqu’en Asie.
En Europe, les régions que ne recouvrent pas la famille indo-européenne sont surtout occupées par les langues des familles ouralienne (une quinzaine de langues) et euskaro-caucasienne (40 langues environ), langues qui s’étendent aussi jusqu’à la Sibérie. La famille altaïque comprend notamment le turc et s’étend jusqu’au extrémités de l’U.R.S.S.
Là, on retrouve le groupe Nord asiatique, groupe isolé qui comprend le coréen et le japonais. Toujours en Asie, les branches tibéto-birmane, chinoise et kadai rassemblent des langues qui ont une très longue tradition de culture littéraire ; dans le Sud-Est asiatique, le vietnamien constitue une famille dont les liens sont très étroits avec la famille môn-khmer.
Parmi les langues de l’Inde, beaucoup appartiennent à la famille dravidienne bien que la plupart des autres langues de l’Inde fasse partie de la grande famille indo-européenne. La famille malayo-polynésienne comprend un grand nombre de langues parlées en Malaisie, Indonésie et Mélanésie ; par suite d’une migration très ancienne, la langue malgache de Madagascar appartient également à cette famille.
AFRIQUE ET MOYEN-ORIENT
En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, seule la famille chamito-sémitique est représentée, notamment par l’arabe, l’hébreu, les dialectes berbères, couchitiques et tchadiens. La famille chamito-sémitique se subdivise en 3 branches : sémitique, chamite et tchadien.
Dans le reste de l’Afrique, en Afrique noire, les familles nigéro-congolaise, bantoue, nilotique et khoisane sont les plus importantes.
AMERIQUE
Les langues amérindiennes de l’Amérique du Nord rassemblent plus de 50 familles réparties en 200 langues qui sont parlées aujourd’hui par moins d’un million de locuteurs au Canada et aux Etats-Unis. Les familles les plus connues et les plus étudiées sont celles que nous avons retenues plus bas.
En Amérique du Sud, c’est-à-dire du Mexique à le Terre de Feu, il semble qu’on trouve quelque 2000 langues amérindiennes utilisées par une population de 25 millions d’habitants répartis surtout au Mexique, au Guatemala, au Pérou, en Bolivie, et au Paraguay. Notons que les 2 seules langues amérindiennes qui ont connues l’écriture ont été l’aztèque et le maya. Les familles amérindiennes sont extrêmement nombreuses (environ 85 familles).
OCÉANIE
Voir les langues de la Nouvelle-Guinée et de la Calédonie.
[ voir document 2 et document 5 ]
1.
Famille
INDO-EUROPÉENNE : 48 % de la
population mondiale (cf. document 3)
§
Branche
indo-iranienne : 660 M (14 %)
·
groupe
indien (indic)
¨ sanskrit
† : " X° av. J-C
-
védique
† : " V° av. J-C
-
hindi : 250 M [300 M] (8
%)
-
ourdou :
40 M
-
bengali :
130 M (3%)
-
penjabi :
60 M
-
goujrati :
35 M
-
oriya :
25 M
-
bihari :
18 M
-
maratni :
50 M
-
assamais :
7 M
-
rajashatni :
18 M
-
népalais :
10 M
-
sindhi :
10 M
-
cachemiri :
3 M
-
konkani :
1,5 M, etc.
·
groupe
iranien (iranian) : [90 M]
¨ avestique † : " VI° av. J-C
¨ persan (ou iranien) :
26 M [46 M]
¨ - pashtou (ou afgan) : 20 M
-
kurde : 12 M [20 M]
-
baloutchi :
2,5 M
-
tadjik :
1,4 M
-
ossète :
0,4 M, etc.
§
Branche
germanique : 500 M (12 %)
·
groupe
germanique de l’Est (east-germanic)
¨ gothique † : III° " VI° s.
·
groupe
germanique de l’Ouest (west-germanic)
¨ - allemand : 120 M (3 %)
-
yiddish
¨ - anglais : 320 M (7,5 %)
-
néerlandais :
20 M
-
frison : 420 000
-
afrikaans : [5 M]
-
luxembourgeois :
[400 000]
·
groupe
germanique du Nord (north-germanic)
¨ danois : 5 M
¨ suédois : 8 M
¨ - norvégien : 4 M
-
islandais : 222 000
§
Branche
italique (ou romane) : 500 M (12 %)
·
groupe
osco-ombrienne (osco-ombrian)
¨ osque † : " II°~III° s.
¨ ombrien † : " II°~III° s.
¨ vénète † : " II°~III° s.
·
groupe
latino-falican (latino-falican)
¨ faliscan
¨ latin † : VI° av. " IV° ap. J-C
-
français : 80 M (2 %)
-
espagnol : 210 M (5 %)
-
portugais : 120 M (3 %)
-
italien : 60 M (2 %)
-
roumain : 20 M
-
catalan : 8 M
-
occitan : 8 M
-
sarde :
1,2 M
-
romanche
[rhéto-roman] : 800 000 (frioulan) & 20 000 (ladin)
-
franco-provençal
-
dalmate † : " fin XIX° s.
§
Branche balto-slave
·
branche slave (slavic) : 300
M (8 %)
¨
groupe slave oriental (east-slavic)
-
russe : 194 M [160 M] (4
%)
-
biélorusse :
10 M
-
ukrainien :
41 M
¨ groupe slave occidental (west-slavic)
-
polonais
: 34 M
-
tchèque
: 11 M
-
slovaque
: 5 M
¨ groupe slave du Sud (south-slavic)
-
slovène :
2 M
-
serbo-croate :
17 M
-
macédonien :
1 M
-
bulgare : 9 M
-
slavon d’église [vieux bulgaro-macédonien] † : IX°
s.
·
branche balte (baltic)
¨ vieux-prussien † : XV° " XVIII° s.
¨ lituanien : 3 M
¨ letton : 1,5 M
§
Branche
celtique
·
groupe
continental (continental)
¨
gaulois † : V° av. " V° ap.
J-C
¨ celtibérien
¨ lepontic
·
groupe
brittonique insulaire (insular brythonic)
¨ breton :
1 M
¨ gallois : 700 000
¨ cornique † : " fin XVIII° s.
·
groupe
gaélique insulaire (insular goidelic)
¨ gaélique irlandais :
700 000
¨ gaélique écossais : 87
000
§
Branche
hellénique
·
mycéen,
dorien, éolien, ionien, attique † : XV° " IV° av. J-C
·
grec
classique † : IV° av. " II° ap.
J-C
·
grec moderne : 10 M
§
Branche
albanaise
·
albanais
(gheg & tosk) : 3 M
§
Branche
arménienne
·
arménien : 4 M
§
Branche
anatolienne †
·
hittite † : 2000 " 1300 av. J-C
·
palaïque,
luvien, luvien hieroglyphique, lycien, lydien
§
Branche
tokharienne †
·
tokharien
† : " 700 av. J-C
2.
Famille
SINO-TIBÉTAINE (ou
SINO-THAÏE) : 25 % de la pop. mond. (+ d’1
milliard d’h.)
§
Branche
tibéto-birmane
·
tibétain :
7 M
·
birman : 22 M
·
- karène : 2,5 M
- chin : 600 000
- kachin : 600 000
- hani : 800 000, etc.
§
Branche
chinoise :
1 milliard
·
mandarin : 580 M
(12,5 %)
·
- wu : 70 M
-
gan : 20 M
-
xiang : 40 M
-
min : 40 M
- hakka
: 30 M
- cantonnais : 45 M
§
Branche
miao-yao
·
miao : 4 M
·
yao : 1 M
§
Branche
kadai
·
-
thaï (ou siamois) : 40 M
- lai : 600 000, etc.
·
lao
(ou laotien) : 2 M
·
-
shan : 3 M, etc.
3.
Famille
MALAYO-POLYNÉSIENNE (ou AUSTRONÉSIENNE)
: 4,5 % de la pop. mond. (200 M [320 M])
§
Branche
indonésienne (ou malaise) [centre, sud, nord]
·
javanais :
65 M
·
malais :
15 M
·
soudanais :
20 M
·
madourais :
10 M
·
minangkabaw :
5 M
·
malgache :
7 M
·
tagalog :
9 M
·
visaya :
18 M
·
batak :
3,5 M
·
atchinais :
2 M
·
bandjarais :
2 M
·
bouguinais :
4 M
·
balinais :
2,5 M
·
macassarais :
1,5 M
·
tamoul :
1 M
·
ilocan
[ilokano] : 5 M
·
bicoli :
3 M
·
pampagnan :
1,4 M
·
pangasinan :
1,2 M
·
[cebuano :
4 M], etc.
§
Branche
polynésienne [est] : 1 M
·
hawaïen :
400 000
·
tahitien :
30 000
·
samoan :
100 000
·
maori
: 200 000, etc.
§
Branche
mélanésienne [sud-est] : 1 M
·
fidjien :
300 000
·
bugutu :
200 000
·
uolio :
40 000
·
[motu :
100 000]
·
[mekeo]
·
[kela]
·
[tulu],
etc.
§
Branche
micronésienne : 150 000 (une dizaine de langues)
4.
Famille
CHAMITO-SÉMITIQUE : 4 % de la pop. mond.
(160 M)
§
Branche
chamite
·
groupe
égyptien
¨
égyptien
ancien (pharaonique) † : 4000 av. " VII°
ap. J-C
¨
copte † :
III° " XVI° s.
·
groupe
berbère : 11 M [15 M] (24 dialectes au Maroc, en Algérie et en
Lybie)
¨ [kabyle]
¨ [rifain (dialecte marocain)]
·
groupe
couchitique : 15 M
¨ somali : 4 M
¨ galla
¨ sidamo
¨ ometo
¨ kafa, etc.
§
Branche
sémitique
·
groupe
oriental
¨
akkadien † : 3000 " VII° av. J-C
¨ babylonien † : 2000 " VII° av. J-C
¨ assyrien † : 2000 " VII° av. J-C
·
groupe
occidental
¨ [ougaritique † : XV° " XII° av. J-C]
¨ [cananéen]
¨ [moabite]
¨ - phénicien † : IX° " II° av. J-C
-
araméen : moins de 100 000
-
hébreu
ancien † : XII° av. " XVI°
ap. J-C
-
hébreu moderne (XX° s.) : 3 M
¨ [syriaque]
¨ arabe (arabe
classique + dialectes) : 130 M (3 %)
¨ [sudarabique]
¨ éthiopien (+
dialectes) : 6 M
§
Branche
tchadien [langues négro-africaines ?]
·
haoussa :
15 M
·
kanouri :
2 M
·
kotoko
·
mousgou
·
moubi
·
karekare,
etc.
5.
Famille
DRAVIDIENNE :
4 % de la pop. mond. (160~180 M) [sud de l’Inde]
§
telougou :
50 M [60 M]
§
tamoul :
48 M
§
kannada : 28 M
§
kanara : 25 M
§
malayalam :
20 M, etc.
6.
Famille
JAPONAISE :
3 % de la pop. mond. (110 M)
§
japonais : 110 M [125 M]
7.
Famille
BANTOUE :
2,5 % de la pop. mond. (100 M)
§
swahili :
40 M
§
bemba :
7 M
§
kinyarwanda :
7 M
§
zoulou :
5 M
§
xhosa :
5 M
§
kiroundi : 5 M
§
sotho : 4 M
§
kikongo : 3 M
§
umbundu : 3 M
§
shona
: 3 M
§
luganda
: 2,5 M
§
ronga : 2 M
§
lingala : 2 M
§
kibougou : 2 M
§
tswana : 2 M
§
sesotho
: 2 M, etc.
8.
Famille
NIGÉRO-CONGOLAISE : 2 % de la
pop. mond. (80 M)
§
Branche
ouest-atlantique : 17 M
·
foulani :
7 M
·
peul :
6 M
·
ouolof :
2 M
·
timmé
·
boulom,
etc.
§
Branche
mandingue : 11 M
·
bambara
: 5 M
·
malinké : 5 M
·
loma
·
mendé
·
kpelle,
etc.
§
Branche
kwa : 32 M
·
yorouba : 10 M
·
ibo : 10 M
·
akan : 4 M
·
éwé : 2 M
·
bino-édo
: 1 M, etc.
§
Branche
gur : 12 M
·
mossi
: 3 M
·
sénoufo
: 1,5 M, etc.
§
Branche krou : 2,5 M
·
bete
·
grebo
·
bosa,
etc.
§
Branche
semi-bantoue : 9 M
·
tiv
·
ibidjo
·
bamiléké,
etc.
9.
Famille
ALTAÏQUE (ou TURCO-MONGOLE) :
2 % de la pop. mond. (80 M)
§
Branche
turque
·
turc :
40 M
·
- ouzbek : 11 M
- kazakh : 6 M
- tatar : 7 M
- turkmène : 2 M
- tchouvache : 1,8 M
- kirguize : 2 M
- azéri : 3 M
- bachkir : 1,4 M
- azerbaïdjanais : 4,5
M
- yakoute : 350 000
- karakalpak :250 000
- touvinien : 150 000
- karatchaëve :150 000
- khakasse : 80 000
- altaïen :70 000
- balkare : 70 000
- nogaï : 60 000
- koumik : 200 000,
etc.
·
ouïgoure : 4 M
§
Branche mongole
·
mongol : 4 M
·
-
bouriat : 250 000
- kalmouk : 125 000,
etc.
§
Branche
mandchoue (ou toungouze)
·
mandchoue :
4 M
·
evenki,
lamout, choukcha, nancir, ribo, etc. : 100 000 en tout
10.
Famille
CORÉENNE
§
coréen :
50 M [65 M]
11.
Famille
VIETNAMIENNE
§
vietnamien :
40 M
12.
Famille
NILOTIQUE :
26 M
§
Branche
nilo-saharienne : 6 M
·
songhaï :
2 M
·
kanouri :
3 M
·
forien :
1 M
§
Branche
nilo-charienne : 26 M
·
-
chari
- sara
- sango, etc.
·
-
azandé
- moroumangbetou
·
-
louo
- massaï
- dinka
- nouer
- chillouk
- acoli
- nandi, etc.
13.
Famille
OURALIENNE
(ou FINNO-OUGRIENNE)
§
Branche
finnoise
·
groupe
balto-finnois
¨ finnois : 5 M
¨ estonien : 1 M
¨ carélien, olotnésien, lude :
300 000
¨ vespe : quelques dizaines de
milliers, etc.
·
lapon :
33 000
·
groupe
volgo-finnois
¨ mordve : 1,3 M
¨ tchérémisse : 500 000
·
groupe
permo-finnois
- votiak (ou oudmourte)
: 623 000
- permiak : 1 M, etc.
- (ziryan)
§
Branche
ougrienne
·
hongrois :
·
-
vogoule : 6 000
- ostyak : 20 000
§
Branche
samoyède
·
groupe
samoyède du Nord
¨
yourak : 25 000
¨
(tavgi)
¨
(yenisèye)
·
groupe
samoyède du Sud
¨ selkoup : 4 000, etc.
¨ (kamasse)
14.
Famille
MÔN-KHMER
§
-
môn : 600 000
- khmer (ou
cambodgien) : 7 M
§
moï,
kha, nicobarrais : 4 M en tout
15.
Famille
CAUCASIENNE
§
-
géorgien : 4,5 M
- zane : 300 000
- zvane : 35 000, etc.
§
-
tchétchène : 700 000
- avar : 400 000
- lesghien : 350 000
- kabarde : 350 000
- mingrélien : 300 000
- circassien : 250 000
- ingouche : 200 000
- abkhaze : 200 000
- dorgin : 200 000
- tcherkesse : 50 000,
etc.
16.
Famille
BASQUE
§
basque : 1 M
17.
Famille
KHOISANE :
150 000
§
bochiman
§
hottentot
§
sansawe
§
hatsa,
etc.
18.
Famille
ESQUIMO-ALÉOUTE
§
Branche
esquimo
·
inupik
·
yupik
§
Branche
aléoute
·
aléoutien
19.
Famille
ALGONKINE (25 langues)
§
cree
§
montagnais
§
abénaki
§
ojibwe
§
naskapi
§
micmac
§
ménomini
§
fox
§
ottawa
§
delaware
§
massachusett
§
illinois
§
cheyenne
§
mohagan,
etc.
20.
Famille
ATHABASKA (25 langues)
§
apache
§
navaho
§
hupa
§
tolowa
§
kaska
§
ingalic,
etc.
21.
Famille
IROQUOISE (8 langues)
§
huron
§
érié
§
mohawk
§
cherokee
§
onéida,
etc.
22.
Famille
MOSAN (29 langues)
§
Branche
salish
·
kalispel
·
nanaimo
·
bella
coola, etc.
§
Branche wakash
·
kakah
·
nootka
·
nitinat,
etc.
§
Branche
chimakuan
·
chimakum
·
kileute
23.
Famille
SIOUX (14 langues)
§
dakota
§
winnebago
§
chiwera
§
ofo, etc.
24.
Famille
NATCHEZ-MUSKOGEE (8 langues)
§
natchez
§
muskogee
§
alabama
§
creek
§
chocktaw,
etc.
25.
Famille
HOKA (25 groupes de langues en Californie)
26.
Famille
CADDO
§
caddo
§
wichita
§
pawnée
27.
Famille
TUNICA
§
tunica
§
atakapa
§
chitimacha
28.
Famille
YUCHI
§
yuchi
29.
Famille
UTO-AZTÈQUE
(84 langues)
§
Branche
aztecoid (22 langues)
·
toltèque
·
zacatèque,
etc.
§
Branche
taracahitian (48 langues)
·
mayo
·
suma
·
batuc,
etc.
§
Branche
piman (14 langues)
·
yecora
·
teul-chichimèque,
etc.
30.
Famille
MAYA (28 langues)
§
yocotan
§
yucateco
§
itza
§
chol
§
yacalteco
§
motozintleco,
etc.
31.
Famille
MISUMALPA (33 langues)
§
cabo
§
miskito
§
cucra,
etc.
32.
Famille
CHIBCHA (77 langues)
§
aburra
§
jamundi
§
lile,
etc.
33.
Famille
ARAWAK (132 langues)
34.
Famille
CARAÏBE (163 langues)
35.
Famille
GÉ (47 langues)
36.
Famille
QUECHA (27 langues)
§
inca,
etc.
37.
Famille
TUPI (73 langues)
38.
Famille
GUARANI (34 langues)
39.
Famille
AYMARA (14 langues)
40.
Famille
ARAUCA (13 langues)
41.
Famille
PATAGON, etc.
[41 familles & environ
450 langues citées]
1. Les langues flexionnelles
§ Famille indo-européenne
§ Famille chamito-sémitique
► Langue qui exprime les rapports grammaticaux par des flexions ; c’est-à-dire que les mots sont variables, et il faut modifier (et non ajouter de façon précise) une partie du mot pour indiquer le nombre, le cas, le genre, le temps ou le mode (ex : en français, cheval/chevaux ou je mange/je mangerai ; ou en anglais, man/men).
2. Les langues agglutinantes
§ Famille ouralienne (finno-ougrienne & samoyède)
§ Famille altaïque (turco-mongol)
§ Famille japonaise
§ Famille coréenne
§ Famille basque
§ Famille quecha, etc. (+ langues amérindiennes)
§ Famille bantoue, etc. (+ langues négro-africaines)
► Langue fondée sur l’agglutination (addition d’affixes [préfixes & suffixes] aux mots-bases [ou thèmes], exprimant des rapports grammaticaux) : on peut diviser les mots en éléments qui ont chacun un seul rôle (toujours le même) et une existence indépendante (ex : en hongrois, könyv / könyvnek « livre / au livre » et könyvek / könyveknek « livres / aux livres » ; ou en turc, ev / evler « maison / maisons » et evin / evlerin « de la maison / des maisons »).
3. Les langues isolantes
§ Famille sino-tibétaine (sino-thaïe)
§ Famille vietnamienne
► Langue caractérisée par la juxtaposition d’éléments simples dont la valeur grammaticale dépend de la place ou de l’intonation ; chaque mot consiste en un seul bloc et ne se divise pas en morphèmes : généralement, chaque mot fait une syllabe, mais il peut y avoir des mots composés (ex : en chinois, « Chine » se dit zhōngguó « pays central » où zhōng signifie « centre, milieu » et guó « pays » ; et « Chinois » se dira zhōngguórén « homme du pays central »).
Schéma avec exemples :
· Langues flexionnelles (familles indo-européenne et chamito-sémitique)
o français :
§ cheval (singulier)
§ chevaux (pluriel)
§ je mange (présent)
§ je mangerai (futur)
o anglais :
§ man « homme » (singulier)
§ men « hommes » (pluriel)
· Langues agglutinantes (familles ouralienne, altaïque, japonaise, coréenne, basque + langues amérindiennes et négro-africaines)
o hongrois :
§ könyv « livre » (singulier)
§ könyvek « livres » (pluriel)
§ könyvnek « au livre » (complément d’attibution)
§ könyveknek « aux livres »
o turc :
§ ev « maison » (singulier)
§ evler « maisons » (pluriel)
§ evin « de la maison » (complément de nom)
§ evlerin « des maisons »
· Langues isolantes (familles sino-tibétaine et vietnamienne)
o chinois :
§ zhōngguó « Chine » (zhōng « centre » + guó « pays »)
§ zhōngguórén « chinois » (rén « homme »)
Il est assez difficile de déterminer le nombre exact de langues parlées dans le monde, et ce notamment pour 2 raisons : en premier lieu, tout dépend de ce que l’on définit comme « langue » (comme nous l’avons déjà vu dans la première partie de cet exposé) ; ensuite, il faut savoir que le nombre de langues varie sans cesse, car les langues sont comme des êtres vivants qui naissent, évoluent et meurent une fois qu’elles ne sont plus utilisées (il y a environ 25 langues qui meurent chaque année et, d’après le linguiste Claude Hagège dans son livre Halte à la mort des langues, la moitié des langues parlées aujourd’hui aura disparue d’ici un siècle). Toujours est-il que les diverses estimations varient entre 3000 et 5000 langues environ.
Disons donc qu’il y a environ 4000 langues, parlées par à peu près 6 milliards d’êtres humains répartis en moins de 200 pays. Théoriquement, cela signifierait que nous comptons 20 langues par pays et que chacune des langues est parlée par un million et demi de personnes. Or, la réalité est toute autre comme nous allons le voir.
En effet, il faut d’abord signaler que tous les pays sont plurilingues, même si très peu le reconnaissent dans les faits puisque la moitié des pays se déclarent officiellement unilingues. Mais les langues sont réparties très inégalement (cf. document 4) dans les différents pays : par exemple, on peut compter plus de 1600 langues en Inde, près de 700 en Papouasie, 400 au Zaïre et en Indonésie, quelques dizaines aux Etats-Unis et quelques-unes au Japon...
On constate une inégalité similaire en ce qui concerne la répartition des familles linguistiques (cf. document 5) : comme nous l’avons déjà vu dans notre deuxième partie, près de la moitié de la population mondiale est représentée par la famille indo-européenne (48 %) et le quart par la famille sino-tibétaine (25 %) ; puis, viennent les familles malayo-polynésienne (4,5 %), chamito-sémitique (4 %), dravidienne (4 %), japonaise (3 %), altaïque et ouralienne (3 %), bantoue (2,5 %), nigéro-congolaise (2 %) et il ne reste que 4 % pour toutes les autres familles réunies (regroupant environ 200 millions de personnes parmi la population du globe).
On peut donc en conclure que la majorité de l’humanité parle un tout petit nombre de langues si l’on tient compte qu’il en existe probablement 4000. Il suffit de voir les 4 plus grandes langues (le mandarin, l’anglais, le hindi et l’espagnol) qui à elles seules regroupent déjà près de 30 % de la population mondiale (soit 1,8 milliard). Suivent 7 autres langues (russe, arabe, bengali, portugais, allemand, japonais et français) totalisant environ 55 % de la population mondiale (soit 3,3 milliards de locuteurs pour 11 langues en tout). Si l’on compte les langues parlées par 40 millions de personnes et plus (28 langues en tout), on en arrive à environ 76 % de la population mondiale (soit plus de 4 milliards). De ce fait, 90 % de la population du globe (soit 5,4 milliards) est répartie en 57 langues (néanmoins, il faut relativiser ces chiffres, car une bonne part de la population mondiale est plurilingue, comme mentionné plus haut). Ce qui fait que, d’après ces chiffres, les 3950 langues restantes se partagent 10 % de la population et leurs locuteurs se comptent par quelques millions, par centaines ou dizaines de milliers, si ce n’est par quelques centaines d’individus. Ceci montre donc combien les langues sont fragiles et peuvent disparaître facilement.
Il convient alors de rappeler que les « grandes » langues ne cessent de croître aux dépens des « petites » langues pour des raisons qui n’ont évidemment rien à voir avec le caractère interne des langues. On ne peut guère prédire si le nombre des langues internationales réduira, augmentera ou se stabilisera ; mais on sait cependant que le plurilinguisme est un phénomène universel et que les États se servent de quelques langues internationales (nationales, à la base) pour communiquer officiellement avec le monde extérieur. Cela signifie qu’une carte linguistique des langues officielles du monde donne nécessairement une fausse représentation de la réalité linguistique (cf. Langue et dialecte), car elle laisse croire que l’unilinguisme des États est une situation de fait, alors qu’il existe plutôt un plurilinguisme ou multilinguisme.
Quant à la carte linguistique des grandes langues du monde (cf. document 6), elle aussi fausse la réalité linguistique dans la mesure où l’anglais, par exemple, serait parlé par 1,3 milliard d’individus dans 63 pays où cette langue est la langue officielle ou celle utilisée comme langue administrative. De même qu’il paraît farfelu de croire que le français est la langue de 225 millions de locuteurs sous prétexte qu’il est utilisé, à des degrés divers, dans une trentaine de pays ; et ces remarques s’appliquent également aux autres grandes langues. L’Histoire a trop souvent montré que les États ont tendance à adopter une attitude centralisatrice, répressive, sinon bêtement obscurantiste, en matière d’« aménagement » linguistique. C’est pourquoi le taux de disparition des « petites » langues est si élevé, langues qui pourraient pourtant être préservées si les États se décidaient à adopter une politique plus respectueuse en ce domaine.
Nous avons donc pu voir dans cet exposé qu’il existe un grand nombre de langues dans le monde, et de toutes sortes, mais que ces langues sont réparties de façon inégale aussi bien sur le plan démographique que géographique.
Or, cette diversité des langues constitue une véritable richesse qu’il convient de préserver, car une langue est plus qu’un simple outil de communication : elle joue aussi un rôle d’expression artistique dans la littérature et sert d’instrument de formation de la personnalité d’un peuple. Chaque langue a son histoire, et c’est parce que la langue véhicule les valeurs et la sensibilité propre à un peuple qu’elle constitue un bien précieux pour le patrimoine socio-culturel de l’humanité.
C’est pourquoi il est nécessaire de travailler à la sauvegarde de toutes les langues, y compris celles dites « minoritaires », et ce notamment par la recherche de solutions alternatives au développement sans cesse croissant de langues internationales « centralisatrices » (c’est-à-dire qui ne respectent pas les autres langues en place et cherchent même parfois à les étouffer). L’utilisation par exemple d’une langue auxiliaire neutre (comme par exemple l’espéranto) n’appartenant à aucun peuple et pouvant être apprise en un minimum de temps par tous permettrait de redonner toute sa place à la diversité linguistique dans le monde, avec un résultat accessible à court terme.
agglutinantes (langues) : Langue fondée sur
l’agglutination (addition d’affixes [préfixes & suffixes] aux mots-bases [ou
thèmes], exprimant des rapports grammaticaux) : on peut diviser les mots
en éléments qui ont chacun un seul rôle (toujours le même) et une existence
indépendante (ex : en hongrois, könyv/könyvnek
« livre/au livre » et könyvek/könyveknek
« livres/aux livres » ; ou en turc, ev/evler
« maison/maisons » et evin/evlerin « de la
maison/des maisons »).
allemand : Langue du groupe germanique de l'Ouest, parlée en Allemagne et
dans quelques pays voisins par environ 90 millions de personnes : en
Allemagne et en Autriche, dont il est l'unique langue officielle, en Suisse (à
75 %), au Luxembourg et par quelques minorités (en Pologne, Belgique ou
Russie).
alphabet : Système de symboles graphiques qui sert à transcrire les
sons d'une langue donnée (le terme vient du latin alphabetum, des
noms des deux premières lettres de l'alphabet grec alpha et bêta,
elles-mêmes empruntées aux langues sémitiques).
alphabétique (écriture) : voir écriture phonétique
alsacien : Dialecte
germanique de type alémanique, parlé en Alsace. L'alsacien est une
langue essentiellement parlée. Il varie donc considérablement, en particulier
entre le Nord et le Sud, dont les locuteurs respectifs ne se comprennent que
partiellement. Cette variation rend difficile la stabilisation de
l'orthographe, et l'expression écrite se fait souvent en allemand.
altaïque (famille) : Avec
une population de près de 80 millions, les langues altaïques, par ailleurs
nombreuses, sont parlées principalement en Turquie, en Iran, en ex-URSS, en
Chine et en Mongolie.
amérindiennes (langues) : Les
familles amérindiennes sont trop nombreuses pour que nous puissions en donner
une liste complète. On en nommera quelques-unes parmi les plus représentatives.
Qu’il suffise de rappeler qu’on compte plus de 50 familles de langues (au moins
200 langues) en Amérique du Nord, parlées par moins de 1 million de locuteurs,
et plus de 85 familles réparties en près de 2000 langues parlées encore par 25
millions de personnes, en Amérique du Sud.
anglais : Langue germanique du groupe occidental, parlée
notamment en Grande-Bretagne et répandue dans de nombreux pays du
monde. Même si son vocabulaire de base est d'origine germanique,
l'anglais a un statut à part parmi les langues de ce groupe en raison de
l'influence qu'a exercée sur lui le français parlé par les Normands, qui ont
introduit des milliers de mots (crown, beef, budget...). Le vieil
anglais avait des déclinaisons ;
l'anglais actuel a un système de flexions
pauvre : adjectif invariable, très peu de marques de genre, faible
variation dans les désinences
du verbe... Aujourd'hui, l'anglais est la langue véhiculaire (de
communication) dominante dans le monde (70 % des publications scientifiques) et
la langue maternelle d'environ 370 millions de personnes. C'est en outre la
langue officielle dans plus de 40 pays, en particulier aux États-Unis, au
Canada, au Royaume-Uni, en Australie et dans plusieurs pays d'Afrique.
arabe : Langue de la famille chamito-sémitique, qui
appartient au même groupe que certaines langues d'Éthiopie, l'amharique en
particulier. Il est aujourd'hui parlé en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient par environ 170 millions de locuteurs, comme langue maternelle ou
comme langue seconde, ce qui la place au 6e rang dans le
monde. L'arabe littéral, celui des médias, proche de celui du Coran,
a peu de voyelles mais vingt-six consonnes. La caractéristique la plus connue
de l'arabe est qu'il se fonde sur des racines : tout mot laisse
transparaître un squelette de consonnes, le plus souvent au nombre de
trois : ainsi k.t.b. est la racine qui correspond à " écrire
". L'arabe officiel coexiste avec de nombreux dialectes :
arabiques (Syrie, Arabie Saoudite...), égyptiens, soudanais, tchadiens,
libyens, tunisiens, algériens, marocains, mauritaniens, maltais... On oppose
dialectes occidentaux et orientaux (la frontière passe par la Libye),
mais aussi dialectes de populations nomades et de populations sédentaires.
araméen : Langue née au IX° av. J-C, et encore vivante aujourd’hui, bien
qu’en voie d’extinction (moins de 100 000 locuteurs).
argot : Terme qui désigne divers types d'usages marginaux
d'une langue. Dans l'usage courant, on entend par là une manière de parler
populaire et incorrecte. En un sens plus restreint, c'est un usage de la
langue populaire propre aux malfaiteurs, qui emploient un vocabulaire
incompréhensible pour les non-initiés (on parle de fonction cryptologique).
arménien : Langue indo-européenne parlée en Arménie, dans les
régions voisines et par la diaspora. Parmi les langues indo-européennes,
l'arménien est l'une de celles qui ont le mieux gardé leur forme primitive.
Elle présente des similitudes avec le grec et le persan.
babylonien : La langue babylonienne est une
langue sémitique, pratiquée dans la partie sud de la Mésopotamie, tandis que
l'assyrien, qui n'a avec le babylonien que de légères différences dialectales,
est utilisé dans la partie nord. Le système de notation est l'écriture
cunéiforme, dont les signes ont la forme de petits clous ; en règle
générale, chaque signe note une syllabe. Ces signes sont gravés sur des
tablettes d'argile crue au moyen d'un roseau taillé.
basque : Langue (appelée euskara par ses usagers)
d'origine inconnue parlée en France (100 000 locuteurs) et surtout en Espagne
(1 000 000), dans les régions voisines des Pyrénées occidentales. On distingue
en général huit dialectes
(en France, le bas-navarrais, le souletin et le labourdin). L'origine du
basque reste mystérieuse. Il n'appartient pas à la famille indo-européenne.
Par sa structure, il présente des similitudes avec une langue comme le
géorgien, mais rien ne prouve qu'il lui soit apparenté. Le trait le plus
remarquable du basque est l'abondance des suffixes
(une bonne centaine) ajoutés aux noms, qui ont des déclinaisons de douze cas.
bilinguisme : Pratique de deux langues
différentes dans un même pays, une même région, ou maîtrise de deux langues par
un même individu. Le bilinguisme est le cas le plus courant de
multilinguisme (ou plurilinguisme), c'est-à-dire de pratique de plus d'une
langue par un locuteur. Contrairement à un préjugé répandu, l'unilinguisme
(le fait de ne manier qu'une seule langue) est un phénomène exceptionnel. Dans
la plupart des pays, les locuteurs manient au moins deux langues.
breton : Langue celtique parlée dans l'ouest de la Bretagne.
Le breton est parlé aujourd'hui par deux groupes de locuteurs : les
personnes âgées des zones rurales, et une minorité instruite de quelques
dizaines de milliers de personnes qui lutte pour son maintien et sa
normalisation. Au total, il est compris par environ 650 000 personnes et parlé
par 250 000. On distingue traditionnellement quatre variétés de breton, qui
correspondent aux divisions ecclésiastiques et féodales de la basse
Bretagne : le cornouaillais, dans le sud du Finistère, une partie des
Côtes-d'Armor et du Morbihan ; le trégorrois, dans les
Côtes-d'Armor ; le léonard, au nord du Finistère ; le vannetais,
autour de Vannes. Comme toutes les langues celtiques, il est affecté par la
mutation consonantique : la consonne initiale d'un mot peut changer après
certains sons
cas (linguistique) :
Catégorie grammaticale associée au nom, et qui indique quelle est la fonction
de ce dernier dans la phrase.
catalan : Langue romane parlée par 8 millions de locuteurs en
Espagne (Catalogne, région de Valence et îles Baléares), par 150 000 locuteurs
en France (Roussillon), par 50 000 locuteurs en Andorre et par quelques
milliers de locuteurs en Sardaigne (autour d'Alghero). La syntaxe du catalan
diffère peu de la syntaxe espagnole ou française. Sur le plan phonétique, il se
caractérise par la chute de nombreuses voyelles finales présentes en espagnol.
chamito-sémitique (famille) : La
famille chamito-sémitique est la 4ème plus importante famille dans le
monde avec 160 millions de locuteurs dans plus de vingt pays en Afrique du Nord
et au Moyen-Orient. La langue la plus importante est sans contredit l’arabe avec 130 millions de locuteurs.
chinois : Nom donné communément aux langues et aux dialectes
appartenant à une famille de langues issue du nord de la Chine, dont la plus
importante est le mandarin. Le mandarin, langue officielle de la République
populaire de Chine, est la langue de la capitale Pékin (Beijing), de l'école et
des médias, elle est parlée par près de 900 millions de locuteurs. Le mandarin
coexiste avec plusieurs dialectes apparentés, si bien que 72 % de la
population chinoise parle une variété linguistique du mandarin. Le trait le
plus connu des langues de cette famille est l'existence de tons (le
mandarin en a quatre, le cantonais sept) : la même syllabe, selon
l'intonation (montante, descendante...) avec laquelle elle est prononcée, aura
des sens distincts. Le vocabulaire est composé de mots d'une seule syllabe
(d'où l'utilité des tons pour distinguer les sens), mais qui peuvent se
combiner pour former des éléments de deux syllabes ; la syntaxe est
simple, fondée sur l'ordre des mots, qui sont invariables, avec la domination
de l'ordre sujet + verbe + complément.
copte : Actuelle langue liturgique des chrétiens d’Égypte.
créole : Langue
issue de la transformation d'une langue européenne par des populations dominées
(colonisés, esclaves). On peut considérer que le créole résulte d'une
simplification généralisée de la langue européenne concernée ou, au contraire,
qu'il est le produit d'une interférence de cette langue européenne avec les langues
parlées par les esclaves ou les colonisés ; c'est seulement à propos des
créoles que l'on peut parler de langue maternelle associée à une communauté
linguistique.
dialecte : Parlers ayant en commun un grand nombre de traits
d'ordre phonologique, lexical ou morphosyntaxique, mais qui présentent en même
temps des différences. Dans certains cas, celles-ci peuvent entraîner une
incompréhension partielle ou totale.
dravidienne (famille) : Les
langues dravidiennes se situent dans le sud de l’Inde où elles ont été
refoulées par les langues indo-européennes. On compte environ 180 millions de
locuteurs dans la famille dravidienne ; les langues les plus connues sont
le telougou et le tamoul.
écriture : Système de signes graphiques normalisés permettant de représenter
la parole et la pensée.
emprunt (linguistique) : Terme
désignant à la fois le processus de transfert d'un élément (phonique, lexical,
grammatical...) d'une langue dans une autre, et l'élément ainsi transféré
espagnol : Langue romane parlée originellement en Espagne, puis
diffusée dans de nombreux pays, en Amérique surtout. En ce qui concerne la
morphologie et la syntaxe, l'espagnol offre un mélange de traits spécifiques et
de traits communs aux langues romanes. Le lexique espagnol est dans sa grande
majorité d'origine latine, mais contient environ 4 000 mots d'origine arabe.
espéranto : Langue internationale inventée par Lejzer Ludwig
Zamenhof (1859 - 1917). Zamenhof était un oculiste polonais, qui, par sa
création, visait à surmonter les conflits raciaux et linguistiques que
connaissait la région où il vivait. L'espéranto a une orthographe phonétique et
une prononciation qui comporte un accent tonique sur la pénultième
(avant-dernière) syllabe. La morphologie ne connaît pas de formes irrégulières
ou d'exceptions, elle est très simplifiée. Environ cinq millions de personnes
parlent l'espéranto dans le monde, mais il ne s'est imposé nulle part.
étymologie : Discipline de la linguistique
qui cherche les relations entre un mot et une unité antérieure (dite étymon)
qui en est l'origine.
euskaro-caucasien (groupe) : Les
langues euskaro-caucasiennes comprennent deux familles dont les liens de
parenté n’ont pas été démontrés avec certitude : la famille
basque (une langue : l’euskara ou basque) et la famille caucasienne (une quarantaine de langues).
Toutes ces langues regroupent une population de moins de 10 millions de
locuteurs. On en retrouve 1 million en France et en Espagne (Pays basque) et le
reste en ex-URSS.
flexion (linguistique) : Procédé
morphologique consistant à pourvoir un radical nominal ou verbal d'une série de
désinences ; l'ensemble de formes d'un mot (nom, pronom, adjectif, verbe)
variant selon les catégories grammaticales du cas, du genre,
du nombre, de la personne, du temps, etc., ou selon les catégories sémantiques
de l'animé/l'inanimé, du comptable, etc.
flexionnelles (langues) : Langue
qui exprime les rapports grammaticaux par des flexions ; c’est-à-dire que les mots sont variables, et il faut
modifier (et non ajouter de façon précise) une partie du mot pour indiquer le
nombre, le cas, le genre, le
temps ou le mode (ex : en français, cheval/chevaux ou je
mange/je mangerai ; ou en anglais, man/men)
français : Langue romane parlée en France et dans la francophonie. Le français est parlé non seulement dans
l'Hexagone (58 millions de locuteurs), mais aussi dans d'autres territoires
d'Europe, d'Amérique, d'Afrique... Cet ensemble constitue la francophonie.
francophonie : Ensemble constitué par les
populations de langue française (le terme de francophonie, créé par le
géographe Onésime Reclus (1837-1916), désigne aussi l'ensemble des pays du
monde où le français est la langue maternelle ou du moins la langue
véhiculaire). Compte tenu des enjeux culturels, politiques et économiques liés
à la pratique d'une langue par une communauté humaine, la francophonie implique
en outre une démarche volontariste de promotion de la langue française dans le monde.
grammaire : Ensemble des règles de bonne formation des énoncés d'une
langue naturelle et leur étude. La grammaire n'a pu se développer qu'après
l'invention de l'écriture,
qui a rendu nécessaire l'analyse de la langue à transcrire et permis de
constituer des tableaux ou des listes servant à décrire les langues.
grec : Langue de la famille indo-européenne,
parlée en Grèce (10 millions de personnes), à Chypre (500 000) et dans les
communautés grecques de la diaspora (4 millions de personnes). C'est la langue
d'Europe sur laquelle on possède les documents écrits les plus anciens (3 000
ans d'histoire). Son lexique constitue la base des terminologies théologiques,
philosophiques, scientifiques, techniques de l'Occident.
hébreu : Langue sémitique dans laquelle est rédigée la Bible
et qui est aujourd'hui parlée par environ 6 millions de personnes, en Israël
(où il est langue officielle) et dans la diaspora juive. L'hébreu, proche du
phénicien, était à l'origine parlé par les populations de Canaan, avant
l'arrivée des Israélites (XIIIe siècle avant notre
ère), qui l'adoptèrent. L'hébreu va continuer à vivre dans la diaspora, mais
c'est une langue plutôt livresque. Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle et l'éveil du mouvement sioniste pour que l'hébreu
s'ouvre au monde contemporain. Langue sémitique, l'hébreu a pour unité de base
la racine verbale de trois consonnes. Le verbe se conjugue avec des marques
préfixées ou suffixées, selon les temps. La prononciation de l'hébreu moderne
est celle des Juifs orientaux (ou Sephardim). L'hébreu, qui repose sur un
alphabet de 22 signes, se lit de droite à gauche et ne note pas les voyelles.
Les Israélites ont commencé par transcrire leur langue avec un alphabet
emprunté aux Phéniciens, utilisé jusqu'au premier siècle avant l'ère
chrétienne ; à partir de cette époque, c'est l'alphabet carré, dérivé
d'une écriture araméenne, qui est utilisé.
hindi : Langue de la famille indo-européenne parlée dans le
nord de l'Inde et autour du bassin du Gange par environ 300 millions de
personnes. L'hindi provient d'une langue de communication qui s'est
instituée entre les occupants turcs et afghans (XIe-XIIIe s.) et les
populations autochtones. L'hindi renfermait une part importante de mots
d'origine arabe et persane introduits par les envahisseurs musulmans ;
mais à la différence de l'urdu, dont il est très proche, l'hindi a été "
désislamisé " au profit de mots d'origine sanskrite. Langue la plus
parlée en Inde, officiellement langue de l'Union selon la Constitution, l'hindi
a pourtant du mal à s'imposer en raison de la résistance des autres langues de
l'Inde et de la concurrence de l'anglais comme langue de prestige.
idéographique (écriture) : L'écriture
idéographique recourt à des idéogrammes, c'est-à-dire à des signes graphiques
qui représentent une " idée " (un concept, une action, une
propriété...) et que l'on dispose suivant un ordre déterminé.
idolecte : Façon de parler propre à un
individu. L'idiolecte se distingue du sociolecte, c'est-à-dire de la
manière de parler caractéristique d'un groupe social. En principe, les
linguistes ne s'intéressent pas à l'expression individuelle, mais à la langue,
c'est-à-dire à ce qui est commun aux membres d'une collectivité linguistique.
Mais l'idiolecte les concerne quand même car bien souvent un changement
linguistique est au départ d'ordre idiolectal : c'est une création
individuelle qui s'étend à d'autres individus.
islandais : Langue germanique parlée en Islande (environ 250 000
locuteurs). L'islandais est une langue à déclinaisons. L'islandais recourt peu
aux emprunts étrangers et tend au contraire à " islandiser " tous les
néologismes indispensables.
isolantes (langues) : Langue caractérisée
par la juxtaposition d’éléments simples dont la valeur grammaticale dépend de
la place ou de l’intonation ; chaque mot consiste en un seul bloc et ne se
divise pas en morphèmes : généralement, chaque mot fait une syllabe, mais
il peut y avoir des mots composés (ex : en chinois, « Chine » se
dit zhōngguó « pays central » où zhōng signifie « centre, milieu » et guó
« pays » ; et « Chinois » se dira zhōngguórén « homme du pays central »).
italien : Langue romane parlée en Italie
(par 58 millions de personnes) et par des émigrés d'origine italienne, en
particulier aux États-Unis (4 millions). À de nombreux égards, l'italien
est la langue la plus proche du français. On peut toutefois noter un certain
nombre de différences significatives. L'italien est directement issu du latin
parlé en Italie après la chute de l'Empire romain.
japonais : Langue de la famille altaïque, parlée au Japon
par 125 millions de personnes. L'origine du japonais est controversée. Par
sa structure grammaticale, agglutinante,
il se rattache à la famille altaïque, à côté du turc, du mongol, des langues sibériennes.
Mais par d'autres traits, en particulier d'ordre lexical et phonétique, il
présente quelques affinités avec des langues indonésiennes. Il est
vraisemblable que le japonais résulte de la superposition de langues
turco-sibériennes à un fonds linguistique d'Asie du Sud-Est. Le lexique
japonais est très ouvert sur les autres langues. Il a d'abord emprunté
massivement au chinois puis, à présent, aux langues européennes, à l'anglais en
particulier. L'écriture, issue de celle du chinois, a été adaptée au japonais.
langage : Système de communication propre à
l'espèce humaine dans lequel le sens est porté par des séquences de sons
produits par la voix.
langue : Instrument de communication qui consiste
en signes vocaux (le plus souvent) compris de la même façon par les membres
d'une même communauté humaine.
langue des
signes : Système
de communication constitué de signes gestuels et destiné à suppléer la langue
orale. Il existe des langues des signes de divers types, mais c'est seulement
pour les sourds que la langue des signes constitue une langue à part entière
(elle se diversifie en fonction des langues existantes : celle des
francophones n'est pas celle des anglophones).
latin : Langue de la famille indo-européenne, parlée
originellement en Italie et aujourd'hui éteinte. Langue de la République
romaine, puis de l'Empire romain, elle s'est diffusée sur un territoire
considérable. Après la chute de Rome
elle est devenue la langue de culture de l'Europe, grâce en particulier à
l'appui de l'Église catholique.
linguistique : Science qui a pour objet le
langage appréhendé à travers la diversité des langues naturelles. La
linguistique est une discipline empirique, dont les modèles ne sont valides que
s'ils sont conformes aux faits de langue.
malayo-polynésienne (famille) : C’est
la troisième famille, par ordre d’importance, dans le monde avec plus de 200
millions de locuteurs (4,5% de la population mondiale). La famille
malayo-polynésienne est aussi appelée austronésienne ; elle couvre
principalement la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et l’Ile de Madagascar
(Afrique).
mandarin : Nom d'origine portugaise d'après le malais (mantari)
et le sanskrit (mantrin, " conseiller d'État "), donné par les
Occidentaux aux hauts fonctionnaires civils et militaires de l'Empire chinois.
En linguistique, il qualifie un dialecte chinois (guanhua)
qui fut d'abord parlé dans le nord de la Chine, et qui devint le langage commun
(putonghua) de 72 % de la population, avant d'être imposé comme langue
officielle du pays. Il tire son nom de la " langue mandarine " que
parlaient et écrivaient jusqu'en 1912, c'est-à-dire jusqu'à la fin de l'Empire,
les mandarins.
métalangue : En logique et en linguistique,
langue qui permet de décrire les formes et le fonctionnement d'une
langue. Ainsi, parler de " substantif ", d'" adverbe
"..., faire de la grammaire, c'est recourir à une métalangue qui prend
pour objet une langue naturelle.
minorité (linguistique) : Ensemble de locuteurs parlant une langue distincte de la langue parlée par la majorité de la population d'un pays. La très grande majorité des langues sont parlées par des minorités linguistiques.
négro-africaines (langues) : La classification des langues de l’Afrique noire fait présentement l’objet de nombreuses controverses. Par souci de simplification, nous avons préféré nous en tenir à quatre familles : la famille nilotique, la famille nigéro-congolaise, la famille bantoue et la famille khoisane.
Nouvelle-Guinée et Calédonie (les langues de) : On ne connaît pas beaucoup les affinités entre les langues de la Nouvelle-Guinée et celles de la Calédonie. Il existe environ 500 langues dites « papoues » (3 millions), mais cela ne signifie pas qu’elles soient effectivement apparentées. Les recherches ne sont guère avancées en ce domaine. De même, les nombreuses langues qui forment la famille australienne sont aussi fort mal connues ; il s’agit des langues aborigènes d’Australie.
nord asiatique (groupe du) : Ce groupe comprend deux langues isolées, le japonais et le coréen, dont les traits commun laissent croire qu’elles sont apparentées.
occitan : Langue romane, appelée aussi langue d'oc, parlée dans la moitié sud de la France, au-dessous d'une ligne qui va de l'estuaire de la Gironde au nord de Briançon, en incluant l'essentiel du Massif central. Le domaine occitan n'est pas un espace linguistique homogène et n'a pas produit une littérature nationale, faute d'unité politique. L'essentiel du vocabulaire occitan est d'origine latine. Mais il existe un fonds de mots d'Aquitaine ou des Pyrénées et gaulois. L'occitan a donné de nombreux mots au français.
ouralienne (famille) : La famille ouralienne rassemble une population de plus de 25 millions de personnes ; les langues de cette famille sont parlées principalement dans les pays scandinaves, en Hongrie et en ex-URSS où on en trouve un grand nombre.
phonétique (écriture) : Ce type
d'écriture fait appel à des éléments phoniques de la chaîne parlée ; on
distingue des écritures phonétiques consonantiques, dont les lettres
principales désignent des consonnes (alphabets arabe, hébreu...), et des
écritures phonétiques vocalisées, qui marquent aussi bien les voyelles que les
consonnes.
pictographique (écriture) : La pictographie
transmet des messages entiers : un signe d'écriture ou un groupe de signes
vise à suggérer toute une phrase. Les seules vraies pictographies connues sont
celles des Inuits, des Indiens, des Sibériens.
portugais : Langue romane parlée par environ 170 millions de
personnes, en particulier au Portugal
(10 millions de locuteurs) et au Brésil
(145 millions de locuteurs). D'un point de vue phonétique, le portugais présente la
particularité de nasaliser de nombreuses voyelles et diphtongues. Les voyelles
qui ne sont pas accentuées ont tendance à se fermer.
préfixe : Unité grammaticale qui se place avant le radical
d'un mot. Il faut le distinguer du suffixe, qui suit le radical
(exemple : -age dans accostage) et de l'infixe, qui s'insère
dans l'intérieur du radical.
roumain : Langue romane qui est parlée par environ 90 % de la
population de la Roumanie. Le
roumain appartient, avec l'italien du centre et du sud, au groupe des parlers romans
orientaux. Le lexique roumain contient, outre les mots d'origine latine, un
assez grand nombre de mots d'origine slave, hongroise, turque et grecque.
runes : Caractère d'écriture en usage en Europe du Nord
antérieurement à l'alphabet latin. Les runes servaient à transcrire les
parlers des anciens Germains. L'écriture
runique est une écriture épigraphique, c'est-à-dire essentiellement gravée sur
des supports durables : objets mobiliers, bois, pierres.
russe : Langue slave du groupe oriental. Langue
maternelle pour 165 millions de locuteurs, elle est aussi en usage dans
l'ensemble des pays de l'ancienne URSS. Le russe, comme les autres langues
slaves, est issu d'une division du slave commun, qui était parlé dans les
plaines du nord de l'Europe vers le milieu du Ier millénaire apr. J.-C. Au IXe siècle, la traduction de l'Évangile par Cyrille et Méthode
impose un nouvel alphabet,
dit cyrillique, proche de l'alphabet grec.
sanskrit : Langue indo-européenne du nord de l'Inde
parlée dès le IIe millénaire av.
J.-C. et qui a subsisté pour des usages religieux et littéraires. Le mot samskrita
signifie " parfait " au sens de " bien travaillé, totalement
réussi ". Il désigne une langue que les habitants de l'Inde, hindous et
bouddhistes, considèrent comme le modèle de tous les langages et qu'ils disent
être celle des dieux. Le sanskrit est l'une des langues les plus anciennes de
la famille linguistique dite " indo-européenne ". Parlé durant les
IIIe et IIe millénaire av. J.-C., le sanskrit est donc frère du grec
ancien, du latin, du hittite, etc., et, d'une manière générale, de toutes les
langues indo-européennes les plus anciennes, telles que le celtique, le
germanique, le slave, le baltique. Mais, plusieurs de ces langues n'ayant pas
laissé de textes écrits avant une date relativement récente, l'intérêt
linguistique du sanskrit est considérable, puisque la littérature rédigée en
cette langue remonte au XVIIIe siècle av.
J.-C. Les règles de composition et de dérivation du sanskrit permettent de
fabriquer un vocabulaire d'une très grande richesse.
sino-tibétaine (famille) : Après
la famille indo-européenne, qui regroupe 48% de la population mondiale, la
famille sino-tibétaine est la seconde en importance par le nombre de ses
locuteurs, 25%, soit près d’un milliard d’hommes. La branche majeure est la branche chinoise. Les principaux pays où sont parlées ces
langues sont la Chine, la Birmanie, la Thaïlande et le Laos.
sociolinguistique : Discipline relevant des
sciences du langage et visant à mettre en relation la diversité des usages
linguistiques avec les processus sociaux qui président à leur élaboration.
sud-est
asiatique (groupe du) : Ces langues sont parlées dans
la presqu’île indochinoise (depuis la Birmanie et le Laos), mais
particulièrement au Cambodge et au Vietnam.
suffixe : Unité linguistique qui s'ajoute à la droite d'un
terme (dit terme de base) pour constituer un mot.
syriaque :
Actuelle langue liturgique des chrétiens d’orient.
véhiculaire (langue) : Une langue
véhiculaire, comme son nom l'indique, sert de moyen de communication entre des
communautés distinctes, en particulier pour commercer.
vivantes (langues) : On
appelle langue vivante une langue utilisée dans une communauté humaine pour la
communication orale et écrite (quand il y a une écriture).
yiddish : Langue formée, aux Xe et XIe siècles, dans
les quartiers juifs des grandes villes rhénanes,
d'un mélange de plusieurs dialectes germaniques, d'hébreu et, marginalement, de
langues slaves.
Doc. 1 (d) : Alphabet de la Langue des Signes
Doc. 2 (g ; f): Les familles de langues
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Les langues amérindiennes parlées au nord et au sud du continent avant l'invasion européenne. Elles ont presque toutes disparu sauf le quechua (langue des Incas), les langues mayas et aztèques en Amérique centrale, ou la langue aymara qui sont encore parlées par de nombreux américains. En Amérique du nord ne subsistent que quelques langues comme la Navajo qui sont de moins en moins parlées. |
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Les langues
indo-européennes s'étendent de l'Europe à l'Asie du nord et au sud
jusqu'en Inde. On compte près de 200 langues pour un total de 2,5 milliards
des locuteurs. Les principaux groupes de cette famille sont : |
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Les langues
ouralo-altaïques sont constituées des groupes : |
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Les langues sino-thaï, sont celles chinoises, thaï, tibétaines ainsi que le birman. |
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Les langues sémito-chamitique dites sémitiques. On y retrouve l'hébreu, l'arabe, l'amharique, le tigré (Erythrée) ainsi que les langues dites chamitiques comme les langues berbères (kabyle) ou la langue des afars... |
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Les langues malayo-polynésiennes sont celles de l'Indonésie, des philippines et de la Polynésie (Tahiti, îles Samoa, Fidji, Hawaï et même Madagascar) |
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Les langues d'Océanie sont un mélange des centaines de langues parlées en Australie, Nouvelle Calédonie et autres îles australes. Elles n'ont pas de lien de parenté apparent, mais sont trop nombreuses pour avoir été étudiées avec précision. |
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Les langues d'Afrique sont distinctes des langues parlées au nord ou sud du continent. Elles sont nombreuses et difficiles à apparenter aux autres langues du continent ou entre elles. La langue la plus parlée de ce groupe est le Haoussa. |
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Les langues Bantou dont font partie le zoulou, le swahili ou le kikongo sont parlées essentiellement au sud de l'équateur du continent africain. |
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Les langues dravidiennes ( tamoul, télougou, malayalam et kannada) sont parlées par environ 250 millions de personnes à la pointe sud de l'Inde. Elles forment un groupe à part bien apparenté entre elles. |
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La langue basque parlé au sud de la France et au nord de l'Espagne est vraiment un cas à part. Elle ne fait partie d'aucune famille. Elle était déjà présente sur le continent avant l'invasion gauloise et romaine. |
Doc. 3 (d) : Arbre généalogique des langues indo-européennes
Doc. 4 (g) : Le nombre de langues
Doc. 5 (a) : La répartition des familles de langues
Doc. 6 (g) : La distribution géographique des grandes langues du monde
· aQu’est-ce que la langue ?, LECLERC Jacques, Mondia Éditeurs, Laval, 1979
· bHalte à la mort des langues, HAGÈGE Claude, Editions Odile Jacob, Paris, 2000
· cLa aglutinaj lingvoj kaj Esperanto, CHERPILLOD André, autoédité, 1988
·
eEncyclopédie Wanadoo, Éditions Hachette
·
fAlphabets, INIGO
YANEZ Pedro
·
gCuisine et Linguistique,
Renaud
·
hLes langages de l’humanité,
MALHERBE Michel, Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1995
·
iLangues sans frontières : à la
découverte des langues de l’Europe, KERSAUDY Georges, Collection Autrement,
2001